Une aide qui sera son vis-à-vis
Eve était une aide pour Adam selon genèse 1.18 et je vous raconte pourquoi cela m’a d’abord paru rabaissant et pourquoi cela m’a beaucoup perturbé…
Il n’est pas bon que l’homme soit seul; je lui ferai une aide qui sera son vis-à-vis. Genèse 1.18 (ou une aide semblable selon les versions)
Etant d’une génération où l’on parle beaucoup de l’égalité homme/femme, ce verset qui parle de la femme comme d’une aide m’a perturbé. Pourtant la Bible ne considère pas que les femmes soient des sous personnes mais bien qu’elles sont égales à l’homme.
Une aide pour moi c’était surtout une assistante, qui est là pour aider le plus important. Un commis de cuisine pour aider le chef cuisinier par exemple ! Ce n’est pas une mauvaise chose en soi, un chef cuisinier ne peut pas tout faire seul, il lui faut de l’aide. J’étais plutôt gênée en réalité que la moitié de la population, les femmes, soient des « commis » et que les hommes soient des chefs cuisiniers… Une femme est forcement une aide ? Seulement ? La seule raison pour laquelle elle existe c’est pour aider un homme ?!…
Ensuite Eve a été crée pour Adam. Avait-elle existé parce qu’elle avait en elle-même de la valeur ou juste parce que quelqu’un en avait besoin ? C’était perturbant, cela me rappelait le doudou ! Il n’existe et n’est acheté que parce que mon enfant en a besoin. C’est le bébé, le jeune enfant qui donne de la valeur à ce doudou. (Bon la comparaison a ses limites, je vous l’accorde !)
Mais quand je lis la Bible je vois l’amour, la considération que Dieu a pour chaque personne. Son fils est mort pour chacun de nous, homme ou femme. Il m’a tant aimé moi aussi une femme qu’il a envoyé son unique fils pour nous sauver. La Bible m’a toujours donné l’impression que Dieu avait un regard sur chacun de ses enfants et pas un particulièrement sur les hommes, les plus importants ! Mais pourtant ce petit verset me perturbait…
Je pars du principe que la Bible est vraie, inspirée du début jusqu’à la fin. Je ne fais pas mon marché pendant mon culte personnel, prenant ce qui m’arrange et laissant de côté le reste. Alors je devais prendre en compte ce verset de genèse, Eve était une aide.
En allant plus loin
Le terme pour aide est Ezer en hébreu. Je l’ai entendu dans des études, lu dans plusieurs livres, peut être que vous aussi. C’est un terme plusieurs fois mentionnés et notamment très souvent pour parler de Dieu… Dieu vient souvent en aide à son peuple, il est celui qu’on prie pour avoir de l’aide. Cela m’a frappé. Quand ce mot est associé à Dieu dans plusieurs versets de l’Ancien testament, jamais il ne me paraissait négatif, rabaissant. J’avais plutôt l’image d’un Dieu sauveur, puissant vers qui nous pouvons trouver le secours. C’est parce qu’il est Dieu qu’il est l’aide parfaite vers qui je me tourne dans ma vie. Alors savoir que c’était le même terme, bien des fois, qui était utilisé pour décrire Dieu m’a rendu humble soudainement. Ma définition du mot aide était biaisée et je passais à côté de ce que Dieu voulait vraiment faire en mettant une aide, un vis-à-vis, au côté d’Adam. Le terme aide n’était pas forcement négatif et rabaissant.
Il ne faut pas partir dans l’extrême opposé non plus et comparer la femme à Dieu bien évidemment, cela se saurait (mon mari le premier 🙂 ) si je pouvais nous sauver de toutes les galères et être un secours aussi puissant et efficace que Dieu… Je n’irai donc pas jusqu’à chanter avec Beyoncé : « Who run the world, girls… »
Finalement mon ressenti sur ce mot était négatif, alors que dans la bouche de Dieu pas du tout. Il m’était déjà arrivée la même chose avec le mot soumission, je vous en avais parlé par ici : Série la soumission. Cela nous renvoie à comment nus lisons notre Bible, avec quel filtre, avec quel présupposé, notre culture. Le renouvellement de notre intelligence pour étudier et méditer notre Bible est important.
Je crois que le plan de Dieu a toujours été de créer les deux, homme et femme, ce n’était qu’une question de temps. Et finalement dans son infinie sagesse, le récit de genèse met justement en relief ce que Dieu voulait faire. Cette création de l’homme et de la femme en deux temps nous oblige à nous arrêter sur la relation qu’ils ont.
Cela met en relief à quel point l’être humain tout seul ne se suffit pas à lui-même. Il avait tout ce qu’il lui fallait pour « vivre » mais il n’était quand même pas bon qu’il soit seul. Dieu avait une mission pour l’homme et il lui fallait ce vis-à-vis pour accomplir cette mission, à deux, ensemble, côte à côte.
Serait-ce le péché qui brouille notre vision des choses merveilleuses et glorieuses que Dieu voulait faire à travers cette équipe de choc, Adam et Eve ? Une communion et un partenariat parfait où devaient régner l’amour, le sacrifice, le don de soi tout en accomplissant notre mission ? A-t-on un aperçu avec cet amour sacrificiel dont Paul parle des maris envers leurs femmes ? Il y a clairement quelque chose qui nous dépasse.
Dans le nouveau testament c’est la description de l’église qui me fait ce même effet. Le chrétien est sauvé en Christ par Dieu le Père. Il est libéré, saint, rempli de l’Esprit et une place lui est préparé dans les cieux. Pourtant il n’est pas fait pour être seul. Dieu a voulu l’Eglise, ces relations précieuses entre frères et sœurs dans la foi qui nous encouragent, nous édifient, nous font grandir, nous remettent en question, nous apprennent à aimer des personnes si différentes de nous. Un Dieu qui aime passer par les relations pour nous transformer à son image. Il y a des choses difficiles mais aussi des relations belles et précieuses.
Et si je meurs…
Un jour mon mari m’a raconté une chose intéressante : en pensant au fait que je puisse mourir, il s’est dit mais qu’est ce que je ferai sans Ludivine, c’était une chose douloureuse à imaginer, puis il s’est rapidement dit que d’ailleurs ce serait la même chose dans le sens contraire, s’il venait à mourir mais qu’est ce que je deviendrais ! En y repensant maintenant je réalise que non seulement mon mari ne m’a jamais considéré comme une simple assistante mais qu’en plus avant de considérer que sa mort serait une perte il a plutôt considéré que c’était la mienne qui en serait une pour notre famille. C’est la première chose qui lui est venue à l’esprit. En fait mon propre couple pouvait me donner un exemple d’une définition positive du mot aide.
Alors maintenant ce verset ne me perturbe plus et je vois le plan de Dieu dans le fait que mon mari ait besoin de moi et moi de lui. Et surtout dans son plan plus vaste et infiniment sage, j’expérimente cette interdépendance dans la mission que Dieu a voulu en imaginant l’Eglise. Quelle grâce de pouvoir vivre ces choses en Christ !
Et vous ? Quelle est votre définition de l’aide ?
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Marine
décembre 13, 2019 @ 12:08 pm
Bel article ! Ca permet de mieux interpréter le mot « aide ». Mais la place de la femme dans la Bible est parfois difficile à interpréter. Par exemple, dans l’Ecclésiastique : « Une femme accepte n’importe quel mari, mais il y a des filles meilleures que d’autres ». Ca me paraît misogyne… Certes, la femme est une aide. Mais elle n’a pas non plus son mot à dire ? Je trouve quand même qu’on voit que ce verset a été écrit par un homme…
Tamara
janvier 23, 2020 @ 11:52 pm
Le but du livre de l’Ecclésiaste est de donner des paroles de Sagesse. Ces paroles peuvent s’adresser au jeune homme inexpérimenté qui, tombant sous le charme de la première venue veut l’épouser sans y réfléchir…
Ludivine
avril 2, 2020 @ 11:02 pm
Bonsoir Marine,
je ne connaissais pas ce passage car il ne fait pas parti du canon retenu par les protestants. Alors pour moi il n’est pas dans les livres « inspirés »… Je ne connais pas donc le contexte de ce passage, peut être qu’il vaut mieux demander plus d’explication à un prêtre ou autre.
Et sinon oui la femme a vraiment son mot à dire, elle n’est pas une potiche !!!
Grégory
décembre 14, 2019 @ 4:16 pm
Merci ludivine pour ce passage très édifiant!! En effet notre culture et background influencent beaucoup trop notre herméneutique. Le retour au texte original est essentiel.
Cela fait du bien de te lire ma sœur.
Ludivine
avril 2, 2020 @ 11:06 pm
Avec plaisir Gregory ! Merci d’avoir pris le temps de laisser ton avis 🙂
David
décembre 20, 2019 @ 1:42 pm
Merci pour ce texte.
Je suis un homme et je dois dire que la manière dont les relations homme-femme sont conçues, en particulier dans le couple. Me dérange. Cela ne cadre pas avec ce que Dieu dit de l’amour, de la relation Christ-Eglise (son épouse).
Pour comprendre la Bible (et non pas l’interpréter) je me réfère souvent aux mots dans la langue d’origine.
Concernant la création de Ève, cela donne un résultat très intéressant:
– la mot aide est effectivement la traduction de Ezer qu’on trouve dans le fameux psaume « le secours/ezer me vient de l’Éternel ». On voit que ce mot désigne toujours non pas quelqu’un d’inférieur à soi, mais plutôt quelqu’un de fort, sans l’intervention de qui on ne peut se sortir d’une situation. Ève n’est pas un être inférieur à Adam mais une personne sans qui Adam ne peut s’en sortir.
Notons que Dieu etait déjà l’ezer de Adam avant la création de Ève. D’où l’expression utilisée par Dieu à propos de Ève « Je lui ferai un ezer semblable », un ezer qui ne serait pas comme Moi mais comme Adam lui-même. C’est le sens du mot hébreux traduit par « semblable ».
Il est aussi important de prêter attention à la manière dont Ève a été créée car cela nous aide à comprendre pourquoi Dieu a parlé d’ezer à propos de la femme.
Dieu n’a pas créé Ève à partir d’argile comme Il le fit pour Adam. Si Dieu l’avait fait,
– soit Il aurait créé Ève imparfaite afin qu’elle soit « inférieure » à Adam
– soit Il l’aurait créé identique à Adam, et Adam n’aurait vraiment pas eu besoin d’elle (sauf peut-être pour le sexe) puisque les deux seraient complets.
Dieu a enlevé une partie de Adam pour créer Ève. Notons que le mot traduit par « côte » signifie aussi « côté ». Je me suis souvent demandé pourquoi les traducteurs ont choisi côte et non côté! En tous cas, le Seigneur a pris une partie de Adam pour former Ève.
Et donc l’Adam qui a vu Ève était différent de celui qui était seul dans le jardin: il lui manque une partie de lui-même, laquelle partie se trouve maintenant en Ève; il n’est plus complet. Et pour pour réussir sa mission, il a maintenant besoin de Ève comme ezer. C’est Adam et Ève qui donne l’Adam de départ.
Et c’est pour cela que le Seigneur va dire « C’EST POURQUOI (voilà la raison pour laquelle) l’homme s’attachera à sa femme et LES DEUX deviendront une seule chair/entité ».
Réussir son mariage revient à réussir l’harmonisation entre l’homme et la femme, sur le plan spirituel, intellectuel, psycho-émotionnel et physique.
Ludivine
avril 2, 2020 @ 11:16 pm
Merci David pour votre commentaire bien détaillé et très intéressant ! Le plan de Dieu pour le mariage est vraiment beau !
Anne
décembre 29, 2019 @ 9:27 am
J’ai déjà été frappée par le fait que souvent, demander de l’aide est considéré comme une marque de faiblesse; je l’ai même remarqué chez mes enfants. Alors j’essaie de leur apprendre que c’est au contraire une marque d’intelligence: demander de l’aide quand on ne sait pas faire quelque chose, vaut mieux qu’être arrêté par un obstacle; c’est aussi une bonne manière d’apprendre. Et l’aide marche dans les deux sens: celui qui m’aide aujourd’hui, une autre fois aura besoin de mon aide. Cela me rappelle l’expression « ensemble on va plus loin », et aussi « il y a plus d’idées dans plusieurs têtes que dans une seule ». Ce n’est peut-être pas très biblique, mais c’est ma réflexion sur le mot « aide »!
Caroline
février 14, 2020 @ 5:42 am
Je rejoins votre commentaire sur le fait que nottre société rend une image négative de l’aide. Oui à l’égard de bcp demander de l’aide est une faiblesse car « l’orgueil » et le fait de se dire JE vais y arriver prime et c’est la société qui véhicule ce genre de pensées. Accepter de demander de l’aide est une preuve de sagesse et d’intelligence et on s’en sort que grandi. Dieu nous met des personnes sur notre route et nous faisons aussi de ces personnes pour autrui. Mettons en pratique la Parole.
Alors oui notre lecture est tronquée par nos pensees, botre culture, notre éducation familiale mais aussi « religieuse » ;notre sélection, notre compréhension parfois inconsciente de certains passages l’est aussi.
Que Dieu renouvelle à tous le discernement
Ludivine
avril 17, 2020 @ 5:07 pm
Bonjour Anne,
c’est vrai tu as raison de l’enseigner dès maintenant à tes enfants, je vais essayer d’être plus intentionnelle avec les miens, merci pour cette remarque !
J’aime bien aussi l’expression que tu cites, je rajoute juste le début » Seul on va vite, mais ensemble on va plus loin » et je ne connaissais pas la 2e expression, merci !
Dona
janvier 5, 2020 @ 12:10 pm
Merci bcp.on comprend mieux
Ludivine
avril 20, 2020 @ 11:45 am
Avec plaisir Dona 🙂
S
septembre 16, 2021 @ 6:37 pm
Merci Ludivine pour cet article, je débute dans mes lectures et découvre peu à peu les versets, les médite, apprends et grandis dans la parole de Dieu. J’avoue ne pas avoir compris le terme aide, et le terme vis-à-vis également. Merci pour tes mots édifiants, ma sœur.