Le Berger et la vallée – Récit d’une mère face à la maladie de sa fille
J’aimerais vous partager le témoignage d’une mère, Terri, qui nous raconte comment Dieu, le Bon Berger, l’a accompagnée pendant la traversée de la vallée de l’ombre et de la mort. Quoi de plus difficile que l’annonce terrible de la maladie de son enfant ? Je lui laisse la parole.
Je voudrais partager avec vous, quelques expériences dans une vallée que nous avons traversée, l’année passée. Au début de 2019, notre fille Sarah, qui combattait une maladie neurologique, a été aussi diagnostiquée d’une leucémie aiguë.
En état de choc, nous avons su que nous allions entrer dans une vallée profonde et difficile. Cela m’a fait penser au Psaume 23, où le Bon Berger nous appelle à Le suivre.
On pourrait dire, cependant, que cet appel à entrer dans la vallée n’était pas, « allez-y », mais “allons-y”. C’est-à-dire, entrer dans cette vallée avec Lui, en Le suivant. Et nous avons commencé à expérimenter cette présence vivante du Seigneur Jésus dans la pire des expériences.
Ma fille et son mari Evan vivaient à Chicago. Sarah a été hospitalisée immédiatement, et a commencé un cycle de chimiothérapie. Mon mari et moi vivions en France, alors je me suis préparée en urgence pour un voyage aux Etats-Unis pour être avec Sarah et son mari. Pendant ces premiers jours, nous descendions vers le bas de cette vallée et vers une tristesse profonde et des peurs, etc. Mais pas seulement, dès les premiers jours, Dieu a mis un rocher sous nos pieds, avec quatre choses : J’ai lu un passage dans l’Evangile de Matthieu, où Jésus parlait aux parents d’une fille malade en leur disant d’arrêter de faire le deuil, que ce n’était pas le moment du deuil, mais le moment de croire. Cela m’a fortifiée. Ensuite Dieu m’a rappelé ces mots à plusieurs reprises. Quelques jours après, j’ai reçu un mail d’une amie avec le même encouragement, avec la même histoire biblique. Todd, mon mari, a aussi été encouragé par Jean 11.40. Cette maladie serait pour la gloire de Dieu et il fallait donc prier pour cela. Et quatrièmement, un frère de l’église, Jean-Yves, est venu prier avec nous, et c’était un encouragement d’avoir foi en Dieu.
C’étaient les premières orientations du Bon Berger, pour savoir comment traverser cette vallée, avec tous ses endroits difficiles.
L’Eternel est mon berger: je ne manquerai de rien.
Durant 2019, Sarah a eu plusieurs cycles de chimiothérapie, avec des semaines de rétablissement à la maison. Il y a eu des complications inattendues, des semaines un peu normales dans les activités, et des longs mois durant lesquelles elle était immunodéprimée—la plupart de l’année, en fait. Nos amis, étaient comme les témoins et spectateurs sur les hauteurs, qui regardaient dans la vallée et qui poussaient les cris et les prières d’encouragement. Cela nous a aidé à continuer ! Nous avons entendu leurs voix ! Dieu a écouté leurs prières !
Avec mon mari, nous nous sommes installés à Chicago et nous avons trouvé un appartement à 5 minutes de l’hôpital. Sarah et Evan étaient aussi nouveaux à Chicago. Nous étions tous alors sans église locale, sans amis proches, sans famille. Isolés, en fait. Nos trois autres enfants vivaient à 3 heures de Chicago, mais ils pouvaient se libérer pour faire des va- et- vient.
Nous avons vu les grâces de Dieu. Comme le fait qu’Evan avait choisi l’Université de Chicago pour ses études et il y avait là un centre hospitalier réputé et des traitements avancés pour le cancer. En plus, ses cours avaient lieu juste à côté de l’hôpital. Juste avant de tomber malade, Sarah avait choisi d’avoir une assurance médicale, sous la mutuelle d’Evan, qui couvrait bien les soins.
Nous avons eu un grand espoir en février, car le frère de Sarah, Thomas, était compatible pour une greffe de moelle osseuse. Le seul dans le monde entier, en fait.
En juin, Sarah devait être opérée pour enlever 5 dents incluses, car elles risquaient de s’infecter pendant les longs mois de rétablissement après la greffe. Cette situation était dûe à une autre maladie des os qu’elle avait. C’était comme si les différents ennemis/maladies conspiraient pour empêcher qu’elle arrive à la greffe. Différentes images m’aidaient à prier. Parfois c’était l’image du Berger comme un lion, le Lion de Juda, qui défendait Sarah contre ces ennemis.
Son équipe médicale voulait voir ses cellules cancéreuses diminuer suffisamment, pour pourvoir faire la greffe avec succès. Et les cycles des différentes chimiothérapies continuaient. Mais, son corps avait de plus en plus de difficultés à renouveler ses globules blancs et rouges, et ses plaquettes.
En octobre, les transfusions de sang devenaient plus fréquentes. Sarah commençait à avoir de fortes douleurs et de fortes fièvres, de 40° ou plus. Ils cherchaient une possible infection, mais ils n’en ont jamais trouvée ! Ils pensaient que son corps réagissait contre la leucémie, pas contre une infection.
Pendant tous ces mois, Sarah se plaignait très peu—c’était étonnant. Elle avait une foi en Christ un peu discrète. Toute seule elle faisait des lectures bibliques, écoutait la louange. Mais nous avons eu des moments de prière ensemble aussi.
De plus en plus, Dieu me donnait un passage ou une pensée, pour les partager avec elle et elle les acceptait, souvent avec un petit sourire et un hochement de tête. Certains moments de forte fièvre, un chant venait dans mon esprit et nous chantions autour de son lit, souvent des hymnes classiques. Chacun a encouragé Sarah à sa façon, en trouvant des moyens pour la détendre, en faisant des soins pour elle, etc.
Je me souviens d’une nuit, j’étais tellement troublée, je ne pouvais pas dormir. « Comment dois-je prier, mon Dieu ? Montre-moi comment prier ». Lorsqu’ enfin, je me suis endormie, j’ai fait un rêve avec les mots du passage de Matthieu « Talitha koumi » qui veulent dire, « petite fille, lève-toi ! ». Le lendemain, Sarah était au lit chez elle avec une très forte fièvre. Ma belle-sœur était aussi là, et nous avons prié « talitha koumi », tenant la main de Sarah. Une heure après, la fièvre avait diminué, Sarah était assise en train de manger. Ma belle-sœur m’a dit, « Tu constates, Terri, c’est exactement comme le « talitha koumi » en Matthieu, où Jésus a fait lever la fille et a dit de lui donner à manger ! »
Alors, Dieu l’a protégée dé l’infection, l’a entourée de personnes, proches ou lointaines, pour pouvoir persévérer, tout au long de cette année.
Puis, en octobre, ils ont trouvé une nouvelle mutation, pour laquelle il n’y avait pas de traitement connu. Il y avait, peut-être, un traitement expérimental, un essai clinique. Avec Sarah nous avons examiné les détails de cet essai et elle se préparait pour cette possibilité. Mais avant qu’elle puisse le faire, une autre crise l’a envoyée aux soins intensifs et presqu’ à la mort. A ce moment là, cela devenait évident, que Sarah n’allait pas sortir de cette vallée par le même chemin que nous, mais « sur les ailes de l’aigle. »
Comment accepter le pire ? Comment comprendre que notre Berger, à coté de nous, fidèle et présent, ne fasse pas en sorte qu’elle parte en vie, de cette vallée ? Ce sont des questions pour lesquelles nous n’avons pas encore toutes les réponses. Je peux seulement dire, que le Berger commençait à la préparer, à nous préparer, pour ce chemin différent.
Je me souviens bien d’une conversation dans la chambre de l’hôpital, avec un de ses médecins. Ce médecin disait que l’équipe médicale était très attachée à Sarah, et déçue de ne pas pouvoir faire plus. Il disait qu’il semblait avoir une grâce particulière autour de Sarah. Dieu m’a donné la capacité de lui dire que même si nous avons beaucoup de chagrin, nous ne sommes pas sans espoir, parce que nous croyons en Dieu, qui est plus grand que toutes ces choses. Je lui ai dit que nous avions beaucoup prié pour leur équipe, pour les décisions prises, la direction des soins. Sarah, assise sur son lit, avait les larmes aux yeux, et a assenti par un petit geste de tête.
Ensuite, assise sur son lit avec ses deux sœurs et son frère à côté, Sarah nous a dit qu’elle était prête à passer par la porte, pour être avec le Seigneur. Chose difficile à entendre de ton enfant ! Cependant, elle exprimait qu’elle s’inquiétait du processus, comment ça serait. Et la pensée nous est venue, que Jésus n’avait que 33 ans comme elle. Que lui, il est passé par la mort, et Il sait comment faire et sera avec elle.
Sarah a choisi de retourner à la maison pour ses soins palliatifs, et d’arrêter les transfusions, d’être chez elle, avec sa famille, au calme. Les médecins ont prévenu que sans transfusions elle tiendrait quelques jours ou peu de semaines. Cependant, nous sommes entrés dans un enclos de vallée protégée, de deux mois.
2 Il me fait prendre du repos dans des pâturages bien verts, il me dirige près d’une eau paisible.
3 Il me redonne des forces, il me conduit dans les sentiers de la justice à cause de son nom.
4 Même quand je marche dans la sombre vallée de la mort, je ne redoute aucun mal car tu es avec moi…
5 Tu dresses une table devant moi, en face de mes adversaires;
tu verses de l’huile sur ma tête et tu fais déborder ma coupe.
Ce qui était étonnant, c’est que la fièvre, et la plupart des douleurs se sont arrêtées. Elle mangeait, faisait la lecture. Avec Evan, elle a pu célébrer leur 3eme anniversaire de mariage. Elle faisait des petites sorties. Evan, Thomas et Rachelle ont pu prendre des congés, et Becky venait avec son bébé régulièrement—la famille était présente. Nous faisions de la musique avec différents instruments. Nous faisions la cuisine, le ménage et désinfections tout comme des fous. C’était un temps particulier. Beau, dans un sens, mais difficile, de plus en plus difficile, parce qu’elle s’affaiblissait. Début décembre, j’ai écrit dans mon journal, « peut-on aller encore plus bas dans cette vallée ? »
C’était clair que la mort était dans le couloir. Une image m’aidait, Jésus prenant la main de Sarah, lorsque nous la lâchions. J’ai gardé cette image comme une prière secrète, je ne le disais à personne.
Ça semblait important, que Sarah ait une vision de la vie après cette vie. Nous avons parlé du fait queDieu a un plan pour ses enfants, ils continuent de Le servir, dans son royaume. Sarah était très douée pour comprendre les différentes cultures et langues, elle ferait, peut-être, un tel service ? Becky a fait un dessin d’un coin cosy d’une maison, pour rappeler à Sarah que « Jésus prépare une place pour elle ».
Un jour, en allant chez eux pour un culte en famille, j’ai regardé la silhouette des arbres contre le ciel et le coucher du soleil, et Dieu m’a dit, « il faut que tu lâches tes attentes sur l’expérience de Sarah à la fin. »
En arrivant chez eux, nous avons eu un temps de prière et de Sainte Cène en famille. Pendant un moment de partage, Sarah a dit, « Je ne sais pas comment ça sera à la fin…. Ne soyez pas troublés si c’est difficile » …la même pensée que Dieu m’avait donnée quelques heures avant.
Puis, notre gendre Peter a dit, « J’ai une image très claire de Jésus qui prend la main de Sarah, et je pense que nous devons prier ainsi. » Puis Thomas et Becky, ont chacun dit, « C’est étrange, mais moi aussi, j’ai eu la même pensée ! ». Alors j’ai partagé, comment je priais comme cela depuis au moins deux semaines. Cela devenait clair que Dieu ne voulait pas que ça soit un secret, mais que Sarah l’entende, et que nous aussi !
Etais-je prête à la confier à Dieu ? Je me suis posée la question, « Dieu prendrait-il vraiment ma fille avec Lui ? » Sur quelle base pouvais-je placer ma confiance pour croire que c’était vrai alors que je regardais la mort en face, dans le visage de mon enfant?
Et le rappel de cette vérité m’est venu avec une forte conviction et paix : Ce n’était pas parce que Sarah était généreuse, parce qu’elle avait aidé les pauvres en Honduras, qu’elle respectait la loi de Dieu et faisait des bonnes œuvres—tout cela était vrai. Mais la seule chose, qu’on peut dire, est que Jésus a choisi de mourir, Lui, sur la croix pour payer le prix du péché, à sa place, à ma place, et que cette œuvre est complète, parfaite, et il n’y a rien à ajouter. Nous le croyons, nous choisissons de l’accepter et de Le suivre, ou pas. Que nous soyons loin ou pas dans notre parcours avec Lui, il n’y a rien que nous pouvons faire pour nous justifier, pour mériter ce qu’Il donne gratuitement. Il a tout fait pour Sarah.
Dans les derniers jours, Sarah était de plus en plus agitée, et très faible. De temps en temps elle disait, « Je ne suis pas dans la bonne maison. Je ne suis pas dans la pièce correcte ».
La veille de Noel fut un jour horrible. Ce soir-là, en allant chez eux, j’écoutais la radio et, à ma surprise, il y avait un entretien avec un frère que nous connaissons, qui racontait, comment Dieu « s’est montré » à un moment critique pour lui. Ces mots avaient une résonnance forte en moi, et j’ai crié, « Dieu, nous avons tellement besoin de Ta présence, maintenant ! Que tu Te montres ! Mais même si je ne vois pas de signe de ta présence, cela me suffit de savoir que tu es là. » Peu après, j’étais assise à côté du lit de Sarah. Nous ne parlions pas. Elle, assise, commençait à avoir un regard fixé à l’entrée de leur chambre. Tout à coup, elle a dit, «Je vois un peu de Jésus sur le coin de la porte . » J’ai dit, « oh Sarah, c’est si bien ! Il t’aime tellement, et nous aussi. »
La nuit après, je dormais à coté de leur lit. Evan son mari, épuisé, dormait. Vers 2 heures du matin Sarah s’est réveillée et elle bougeait ses bras dans l’air. Elle a commencé à prier « Come on, come on, come on… » qui veut dire, « Allons-y, allons-y, allons-y ! » et d’une manière un peu impatiente. Puis elle disait, « Seigneur Jésus, Seigneur Jésus, Seigneur Jésus ! Aide-moi, Dieu, aide-moi, Dieu, Aide-moi, Dieu ! » Et, puis, avec une voix différente, « OK. OK. OK. » Et après, « 1,2,3. 1,2,3. 1,2,3 ». Ce que nous disions chaque fois que nous la soulevions, pour la déplacer d’un endroit à un autre. Puis elle s’est endormie. Le lendemain, le 26 dans l’après-midi, elle nous a quittés.
6 Oui, le bonheur et la grâce m’accompagneront tous les jours de ma vie
et je reviendrai dans la maison de l’Eternel jusqu’à la fin de mes jours.
Nous tous, serons à un moment ou autre, dans cette vallée, et pendant la vie, nous traverserons des vallées diverses. Je vous assure, le Bon Berger ne nous appelle pas à entrer et traverser ces vallées, seul. Jamais ! Il nous appelle à y aller avec Lui. Il y a la vie dans la vallée ; il y a aussi la vie après la vallée.
Pour nous maintenant, nous sommes dans la période où nous sortons de cette vallée. La tristesse est là, mais aussi l’espoir. Le Bon Berger nous console, Il nous renouvelle, et nous pouvons dire :
3 Il me redonne des forces, il me conduit dans les sentiers de la justice
à cause de son nom…
Ta conduite et ton appui : voilà ce qui me réconforte.
***
Terri et son mari ont 4 enfants et sont missionnaires.
Joey
avril 30, 2020 @ 9:39 am
Tellement touchant…
Un témoignage de foi dans la vallée de l’ombre et de la mort qui nous montre que c’est possible et que la douleur n’aura pas raison de nous car Jésus est avec nous.
Merci pour ce partage !
Myriam
avril 30, 2020 @ 11:11 am
Oh ce témoignage est tellement bouleversant ! Jusqu’au bout j’ai cru au miracle, mais une part du miracle, c’est aussi comme dit dans le récit, d’avoir une place dans le royaume du Sauveur qui s’est fait homme pour nous donner la vie
Je prie pour que le Seigneur continue son travail de consolation dans le cœur de Terri et sa famille. Merci pour le partage Ludivine.
Marine
avril 30, 2020 @ 1:32 pm
Merci pour ce témoignage si touchant et encourageant…
Louisena
avril 30, 2020 @ 3:36 pm
C’est tellement touchant que j’en ai les larmes aux yeux. C’est aussi tellement édifiant et rassurant de savoir que Notre Dieu, quoi qu’il arrive, Il est toujours la avec nous comme Il nous l’a promis.
Merci pour le partage !
MB
mai 1, 2020 @ 9:57 am
Merci pour cette assurance quil ya la vie dans la valee et il ya la vie après la vallee suis tres benie et encouragè de savoir que Jésus traverse la vallee avec nous eh oui jamais toute seule
Lili
mai 4, 2020 @ 2:15 pm
Merci merci beaucoup Terri d’avoir partagé ton témoignage! Je ne suis pas personnellement confrontée à une telle vallée, mais ça me permet de prier plus précisément pour ceux qui traversent de telles vallées. Alors vraiment MERCI.
Merci aussi à notre Dieu qui répond de manière tellement précise à nos prières, je suis toujours extrêmement reconnaissante quand Dieu donne la même pensée à tous. Qu’Il puisse accorder à tous ceux et celles qui traversent de telles vallées de partager ces pensées ensemble, quel encouragement!
Merci Ludivine d’avoir pris de ton temps pour nous partager cet article.
Mae
mai 9, 2020 @ 9:50 pm
Merci à Terri pour ce précieux partage…merci beaucoup!
merci Ludivine!
que notre Père se fasse connaître à chacune de nous toujours plus comme ce parfait berger
Gennesis
mai 13, 2020 @ 9:09 am
Merci. J’en ai pleuré dans le métro. Merci pour me rappeler que le bon berger est avec moi dans les vallées.