Juger ou ne pas juger ?
L’apôtre Paul explique dans 1 Corinthiens 4 qu’il ne faut pas porter de jugement avant le temps et que c’est Dieu qui juge. Pourtant dans le chapitre suivant, il nous demande de juger nos frères… Qu’en est il vraiment ?
Ne jugez de rien avant le temps
Premièrement, les corinthiens étaient divisés, chacun se réclamait d’un apôtre : « Moi je suis d’Apollos » « Moi j’appartiens à Paul » etc. Paul leur explique donc que leurs rôles étaient de les conduire à Christ et de les aider à grandir dans le Seigneur. L’important est qu’ils sont au Seigneur, qu’ils lui appartiennent : voilà quelle devrait être leur fierté.
Paul en profite pour leur expliquer que chacun oeuvre en fonction de l’appel qu’il a reçu de Dieu mais que surtout ces oeuvres seront éprouvées le jour du jugement des croyants dans « le feu ». Chacun doit donc prendre garde à la façon dont il travaille pour le Seigneur. C’est dans ce contexte qu’il leur dit ensuite « C’est pourquoi ne jugez de rien avant le temps, jusqu’à ce que vienne le Seigneur, qui mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et qui manifestera les desseins des cœurs. Alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui sera due. » 1 Corinthiens 4 v 5.
Ici il est question du jugement des motivations, intentions, décisions du coeur. Pourquoi avons nous servi, dans quel but, qu’avions nous au fond du coeur? Ce jugement là, seul Dieu peut le faire. A la fin il mettra en lumière « ce qui est caché dans les ténèbres, et qui manifestera les desseins des cœurs. »
Si une personne vous dit qu’elle sert le Seigneur car cela lui apporte la gloire, de l’argent etc. , vous savez que ses motivations sont mauvaises. Mais si une personne vous dit qu’elle veut juste que Dieu soit glorifié à travers sa vie, qui sommes-nous pour dire qu’au fond c’est un mauvais chrétien ? Nous ne pouvons pas dire avec certitude que nous connaissons les profondeurs du coeur, les motivations de chacun. Voilà pourquoi c’est Dieu seul qui jugera cela.
Paul dit qu’il lui importe peu d’être jugé par les hommes et qu’il ne se juge pas lui même non plus, car il n’a rien sur la conscience : il a sondé ses motivations, ses actes et il n’a pas l’impression d’être un mauvais serviteur. Mais il dit que cela ne le justifie pas pour autant, car Dieu jugera ses intentions.
L’autre jugement
Par contre dans 1 corinthiens 5 v 3, Paul dit : « j’ai déjà jugé, comme si j’étais présent, celui qui a commis un tel acte. » Paul exhorte les corinthiens à faire de même. Si une personne pèche, commet des actes que vous savez répréhensibles vous devez la « juger », c’est à dire condamner ce qu’elle fait et la reprendre afin qu’elle se repente. Au verset 12 il est dit « N’est-ce pas ceux du dedans que vous avez à juger? ». Nous ne pouvons pas juger les décisions du coeur mais par contre les oeuvres, les actes clairement mauvais, les choses manifestes, les mauvais fruits, les faux enseignements nous devons les juger.
Certains prendront romains 14 pour dire qu’il ne faut pas juger ses frères « Ne nous jugeons donc plus les uns les autres; » verset 13. Mais encore une fois dans ce contexte, Paul parle des opinions de chacun sur ce qu’il faut manger et les jours à observer.
Dans Mathieu 7 v 1 à 5 (Luc 6 v 37 à 42), Jésus nous demande aussi de ne pas juger : « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez. » Jésus nous dit de ne pas juger afin de ne pas être jugé parce que la façon dont on juge servira à nous juger.
Comment jugeons-nous? Est ce par et dans l’amour, pour que la personne change, se repente ? Luc 6 v 37 dit en plus de ne pas juger « absolvez, et vous serez absous. » Lorsque l’on nous fait du mal, comment juge t’on? : « Je ne veux plus te voir, tu m’a déçu » « Pour moi tu es mort et enterré » Est ce que notre jugement est un jugement juste pour condamner mais sans pardon, sans amour ? Mais personne n’est à l’abri de chuter.
Quand je parle d’amour, je ne parle pas de faiblesse et de dire les choses dans le compromis : un péché est un péché et Jésus disait les choses franchement aux gens comme à ses propres disciples (exemple de Pierre : « Arrière de moi satan… »). Mais ce que Jésus nous montre c’est que l’on est souvent plus zélé à voir ce qui ne va pas chez les autres, alors que nous avons besoin de nous « juger » nous même !
Lorsqu’il dit « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? Ou comment peux- tu dire à ton frère: Laisse- moi ôter une paille de ton œil, toi qui as une poutre dans le tien? » cela ne veut pas dire qu’il ne faut plus reprendre son frère mais il dit bien ensuite « Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l’œil de ton frère. » Jésus nous demande de commencer par nous-même ! Car il est hypocrite de reprendre les autres quand on fait pareil ou pire et parce que nous pourrons aider notre frère en ayant d’abord travaillé sur nous-même.
En résumé :
- Il y a un jugement qui n’est pas de notre ressort, c’est celui des intentions du coeur de chacun. Mais veillons sur notre propre coeur, nos motivations. Personnellement, ce que nous pouvons faire, c’est nous soumettre à la Parole, qui nous aide « elle juge les sentiments et les pensées du cœur. » Hébreux 4 v 12. La Parole est puissante et nous permet de nous réajuster. La méditer chaque jour met en lumière ce qui ne va pas dans notre vie et dans notre coeur.
- Parfois nous pouvons voir des choses qui nous irritent chez les autres et nous devons prendre le temps de voir si cela nous enseigne pour nous-mêmes : sommes- nous si justes à ce niveau là, sur ce point que nous voyons chez l’autre ?
- Nous devons reprendre nos frères avec amour et par amour tout en étant ferme et non complaisant avec le péché.
Et vous, vous en pensez quoi ?
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Vivi
mars 14, 2016 @ 1:17 pm
Et oui le Seigneur nous a donné toutes les instructions nécessaires mais aussi les mises en garde, afin que nous puissions marcher en tant qu enfant de Dieu et ainsi refléter son immense GLOIRE.
Ludivine
mars 14, 2016 @ 6:40 pm
Exactement, la Parole est suffisante !
Meli
mars 14, 2016 @ 3:38 pm
Merci pour cet article. C’est vrai que c’est important quand on juge de juger avec amour. »hate the sin, love the sinner » donc pas de compromis mais de l’amour.
Ludivine
mars 14, 2016 @ 6:42 pm
Pas toujours facile ! Parfois quand on aime bien la personne, faut essayer de ne pas trop être dans le compromis et quand on est moins proche, on a tendance à être plus sévère ! ( C’est le contraire pour certains… )
glycine82
mars 15, 2016 @ 8:46 am
Malheureusement, on se sert bien souvent de ces textes (et de ceux qui disent qu’il ne faut pas être hypocrites) pour dire à l’autre tout ce qui ne nous plaît pas chez lui (soit disant avec amour). Et s’il le prend mal, on l’accuse d’être susceptible de faire la sourde oreille à ce que Dieu veut lui montrer. Car on enseigne aussi beaucoup que Dieu peut nous montrer Sa volonté et nous reprendre par la bouche de nos frères et sœurs.
Mais je crois que la plupart du temps, rien que le fait de dire ces choses, même le plus gentiment possible est un manque d’amour. Parce qu’avant d’aller voir la personne, on oublie bien souvent de se demander si ce qu’on lui reproche est réellement un péché dont elle doit se repentir ou simplement quelque chose avec lequel nous ne sommes pas en accord (par exemple certains de ses choix de vie, ou ses défauts).
Et parfois, manifester réellement de l’amour envers une personne et l’accepter telle qu’elle est, lui donnera bien plus envie de changer que des paroles accusatrices (même enrobées d’amour).
Evidemment, je ne parle pas des péchés clairement condamnés par la Bible, et je suis bien d’accord que parfois il est nécessaire de juger. Mais je crois qu’on tombe souvent dans l’extrême de trop juger plutôt que pas assez.
Par ailleurs, lorsque l’on voit quelque chose qui mérite d’être repris chez une personne, on peut aussi se poser la question : « est-ce mon rôle d’aller lui en parler ? N’y a-t-il pas quelqu’un d’autre qui serait mieux placé que moi (ou qui l’a déjà fait) ? » Car pour une personne, entendre le même reproche de la part de plusieurs peut aussi être ressenti comme du harcèlement.
Lorsqu’il est vraiment nécessaire de juger un péché condamné par la parole de Dieu, le procédé nous est expliqué en Matthieu 18.15. Ce texte met en évidence le fait que juger les autres doit être extrêmement rare et fait avec beaucoup de sagesse.
Ludivine
mars 16, 2016 @ 11:52 pm
Bonsoir Glycine 🙂
Je pense que la Bible est clair à ce sujet, après les gens peuvent s’en servir pour en faire ce qu’ils veulent… Reprocher des choses qu’on n’aime pas ce n’est pas reprendre pour un péché, c’est sûr !
Et je pense que c’est dans les deux sens, certains ne veulent pas qu’on les reprenne malgré un péché flagrant sous l’excuse du « ne me jugez pas » et d’autres en abusent se prenant pour les gardiens de la morale chrétienne en « jugeant » à tout va.
En tout cas que Dieu nous donne de la sagesse dans nos rapports les uns avec les autres !
Merci pour tes réflexions Glycine 😉
Ella
avril 2, 2016 @ 4:47 pm
Personnellement, ce qui m’est le plus difficile, c’est de discerner les convictions (ou la façon dont Dieu parle à chacun sur un domaine particulier de sa vie, comme dans Romains 14) et les péchés sur lesquels Dieu nous demande de nous reprendre les uns les autres. J’ai vraiment besoin du regard du Père sur ces choses et qu’Il continue à me corriger si je manque d’amour (pour reprendre ou comprendre).
Ludivine
avril 5, 2016 @ 12:03 am
Ah oui c’est vrai, les convictions de chacun c’est encore une autre histoire… Et puis il y a ceux qui se cachent derrières des soi-disants convictions ! Pas facile la vie en « église ». Comme toi, je pense que nous devons apprendre à regarder comme le Père. Qu’Il nous dirige davantage à aimer et « juger » comme Il le veut 🙂 !