Hors-norme ? Pour une valorisation du célibat de Albert Hsu
Je cherchais un livre sur le célibat qui non seulement le valoriserait mais aussi ne le ferait pas passer pour une zone d’attente avant le « graal » du mariage. Je ne voulais pas d’un livre qui parlerait finalement plus du mariage « futur » que du célibat. Albert Hsu veut sortir des clichés, du mythe du « don » de célibat. Il nous parle concrètement de ce statut, ce qu’il est, comment le vivre, quels sont les pièges liés à cela, les besoins, les tentations. Qu’est-ce que Dieu veut pour nous. Comme l’auteur le dit si bien, nous naissons tous célibataires, nous le sommes tous à un moment ou un autre : avant de se marier, si on ne se marie jamais, après le décès du conjoint, une séparation etc. Alors que fait-on ? Qu’est-ce que Dieu dit du célibat ? Quel est le rôle de l’église ?
Le livre commence par une brève histoire du célibat, de l’ancien testament, en passant par l’avis de Jésus, de Paul, de l’église des premiers siècles, des catholiques, de la réforme protestante jusqu’à la place du célibataire dans les églises évangéliques qui nous sont contemporaines. Très très intéressant ! On voit à quel point ce statut de célibataire a oscillé entre « tare de la société » et statut méritant « le plus de considération ». Tout cela nous aide à comprendre pourquoi nous en sommes là aujourd’hui.
Le mythe du don du célibat et la volonté de Dieu
Puis l’auteur s’attaque au « mythe » du don du célibat… Il explique pourquoi pour lui, ce verset de l’apôtre Paul a été mal compris et ce que cela veut vraiment dire. Il est vrai que des personnes disent qu’elles ont profondément envie de se marier donc qu’elles n’ont pas le don « surnaturel » du célibat mais qu’elles sont encore célibataires… Et ressentent comme une tromperie venant de Dieu qui ne répond pas à leurs prières. Chapitre fort intéressant.
L’auteur enchaîne avec un chapitre sur la question « de la volonté de Dieu », tout aussi pertinent. Est-ce que Dieu veut qu’on se marie ? Avec qui ?
La liberté et la disponibilité
L’auteur parle d’un point positif du célibat : la liberté et la disponibilité. Je vous avoue que je craignais qu’il ne dise un truc de ce genre : « Hey mais pourquoi vous vous plaignez, c’est trop cool d’être célibataire, vous avez le temps pour faire plein de truc, profitez ! » Mais il parle de façon équilibrée de la liberté et de la disponibilité en tant que célibataire, comment les gérer, quoi en faire, aussi de leurs limites et des a priori. Il aborde un point intéressant sur la place qu’on laisse au célibataire dans l’église quant au service : on préfère privilégier les personnes mariées pour certaines positions. Il parle de la diversité de l’église et du besoin de diversité dans les équipes de responsable. D’ailleurs il en profite pour dire que bien des personnes ont « sacrifié » leurs familles en s’engageant corps et âmes dans leur ministère, peut-être qu’elles auraient dû faire comme Paul ou Jésus, rester célibataire. Réflexion intéressante.
La solitude et la communauté
Il parle ensuite d’une chose négative : l’isolement qui guette le célibataire et de deux choses positives avec lesquelles répondre : la solitude et la communauté. On n’a pas à être isolée par contre la solitude peut être bien vécue en alternance avec des moments en communauté. Ces deux choses sont importantes car on peut se sentir seule même en étant mariée ! L’auteur consacre donc un chapitre à la solitude et un à la communauté.
« Que celui qui n’est pas capable d’être seul se méfie de la communauté. Que celui qui n’est pas dans la communauté prenne garde d’être seul » Dietrich Bonhoeffer
Un nouveau regard sur les relations sentimentales et les tentations du célibataire
L’auteur propose ensuite un nouveau regard sur les relations sentimentales : conseils aux célibataires qui veulent se marier. Il parle d’avoir une idée juste et saine du mariage, des relations.
A un moment on se demande vraiment où il veut en venir avec les mariages arrangés mais au final il conclut comme cela : « Si, dans les cas extrêmes, l’amour romantique occidental est un amour qui ne s’engage pas, et le mariage arrangé en orient un engagement sans amour, une approche authentiquement chrétienne du mariage pourrait combiner l’amour et l’engagement. Le célibataire s’engagerait à aimer ses amis, ses voisins et ses ennemis; à cela la personne mariée ajouterait l’engagement à aimer son conjoint. »
Il finit avec quelques conseils sur des étapes plus saines pour trouver quelqu’un au lieu d’avoir comme premier objectif quand on arrive dans un groupe de « chercher » si quelqu’un pourrait être un potentiel « candidat ».
Le dernier chapitre parle des tentations auxquelles font face les célibataires, au delà des tentations sexuelles. (D’ailleurs vécues aussi par les mariés mais de façon différente).
Mon avis
C’est un bon livre ! J’en ai lu d’autres qui m’avaient laissée sur ma faim… Le sous-titre du livre ne fait pas de publicité mensongère en annonçant : « Pour une valorisation du célibat dans la société et dans l’église. » Le titre « Hors-norme ? » sous entend que nous sommes dans une société avec comme idéal la famille et que l’église a tendance à faire passer le message que la bénédiction passe par le mariage et les enfants. Les célibataires peuvent se sentir « différents », « mis de côté », « maudits ». Le livre parle aux célibataires, que vous ayez envie de vous marier ou pas, il vous parle de ce que vous vivez, comment bien le vivre et pourquoi bien le vivre. Et il vous rappelle que vous avez votre place dans la société, dans le plan de Dieu, dans l’église.
Vous pouvez vous procurer le livre chez son éditeur, les éditions Farel ou dans les librairies chrétiennes. ( J’ai l’impression qu’il est disponible en Franc Suisse et en Dollar aussi chez Excelsis )
Et vous ? Vous avez de bons livres sur le célibat à recommander ? Un avis sur celui-ci ?
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Dominique
avril 26, 2016 @ 8:53 pm
Bonjour, je tombe sur votre site parce que (j’avoue) je cherche à faire connaitre un blog sur un festival de musique chrétienne. Cependant, votre article m’a fait réagir.
Le célibat devrait elle être une finalité ? Je ne crois pas et la Bible le dit puisque dans la genèse (par exemple), il veut trouver une femme à Adam « Pour qu’il ne soit pas seul ». Et dans bien des passages de la Bible, avoir un mari ou une femme est la volonté de Dieu. Quand à prendre Jésus ou Paul comme exemple de célibataire… je trouve ça un peu osé. Il ne faut pas oublier que « Jésus est le fils de Dieu » et quoi qu’il est été fait « Homme », il n’en reste pas moins à mon avis avoir une « volonté divine » suffisamment grande pour résister à bien des tentations… Son célibat était calculé puis que son destin était de mourir sur la croix. Quand à Paul, sa dévotion à Dieu était si grande qu’il n’aurait pas eu de place pour une femme. D’ailleurs il parle du fait de « consacrer sa vie à Dieu » en tant que célibataire, mais que si il y a trop de tentation de « pêchers » (sexuels)… »Toutefois, s’ils ne peuvent pas se maîtriser en ce domaine, qu’ils se marient, car mieux vaut se marier que de se consumer en désirs insatisfaits. »
Je pense comme vous (et l’auteur du livre) qu’il vaut mieux un mariage entre « Désir d’amour » et « obligation ». Je crois qu’il faut toujours faire les choses de toute façon sans culpabilité, en ayant conscience de faire les « bons choix ». Si on est célibataire et très heureux de l’être, alors il faut le rester, mais il ne faut pas non plus se fermer à une occasion de mariage sous prétexte que dans la Bible, Jésus Christ et Paul sont célibataires…
Bref, la liberté dans la conscience de faire de bonnes choses, c’est un juste équilibre 🙂
Merci
Ludivine
avril 26, 2016 @ 10:06 pm
Bonsoir Dominique,
Je vous rassure, le livre ne place pas le célibat au dessus du mariage, cela serait tombé dans les mêmes travers du passé. D’ailleurs l’auteur le dénonce dans le chapitre sur l’histoire du célibat…. Il dit la même chose que vous, Paul a juste consacré sa vie à Dieu de façon particulière.
Il valorise le célibat dans le sens où il ne le fait pas passer pour quelque chose d’absolument négatif, la preuve Paul l’a choisi 🙂 Comme je le disais dans l’article, l’auteur parle aux célibataires, qu’ils veulent se marier ou non, il ne dit surement pas ce que chacun devrait faire ou pas ! Et encore moins qu’il faut refuser de se marier parce que Jésus était célibataire…
Mais dans un commentaire, je ne pourrai pas reprendre tous les propos de l’auteur, mais il est assez équilibré et ne met pas en concurrence le mariage et le célibat.